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C’était un premier grand oral pour Gil Avérous. Mardi 29 octobre, un peu plus d’un mois après sa nomination, le ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative s’exprimait pour la première fois devant la représentation nationale – en l’occurrence les députés de la commission des affaires culturelles et de l’éducation.
A l’ordre du jour : la présentation de son projet de budget pour 2025 et, par-delà, ce qu’il entend mettre en œuvre en matière de politiques publiques après les Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Un « héritage » qui suscite des interrogations, alors que le gouvernement de Michel Barnier s’est engagé dans un plan de réduction des dépenses de l’Etat, qui devrait se traduire pour le sport par une baisse de 273 millions d’euros des crédits l’année prochaine.
Ce recul des moyens, qui tient pour une part (151 millions d’euros) à l’extinction de mesures liées aux JOP, n’a pas manqué d’être relevé par nombre de députés, certains soulignant que « le compte n’y est pas », et qu’« il y a loin » des ambitions présidentielles de faire de la France une nation sportive.
A en croire le ministre, il n’y aurait pas matière à s’alarmer. « Cela ne fragilise en rien la défense de l’héritage des Jeux. J’ai tout à fait les moyens de préserver les politiques publiques et de maintenir les objectifs existants », a-t-il déclaré.
Les financements pour le sport de haut niveau et la haute performance « seront stabilisés à 108 millions d’euros (hors mesures liées aux JOP), comme en 2024, afin d’ancrer durablement la France dans le Top 5 des nations olympiques », a-t-il précisé, ajoutant que, pour y parvenir, « des arbitrages » devront « être faits sur d’autres postes ».
M. Avérous a toutefois reconnu qu’il était favorable à une augmentation de l’enveloppe issue des taxes prélevées sur les paris sportifs et qui est destinée à l’Agence nationale du sport (ANS), l’opérateur de l’Etat en matière de politiques publiques sportives. « Nous y travaillons, a-t-il expliqué, mais les arbitrages n’ont pas encore été réalisés. »
En l’état, le projet de budget prévoit une baisse de 6 millions d’euros (à 100 millions) des sommes prélevées sur ces paris sportifs qui sont versées à l’ANS. Un amendement a été adopté, le 19 octobre, par les députés en commission des finances qui vise à porter à 216,4 millions d’euros le montant de ce prélèvement. Au micro de Sud Radio lundi 28 octobre, M. Avérous avait déclaré qu’une augmentation d’« au moins 6 millions d’euros » lui semblait nécessaire.
Le projet de budget a en tout cas conduit le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) à alerter sur le fait qu’il « fait peser une menace forte sur la capacité » des clubs à « accueillir durablement » de nouveaux licenciés. L’instance a notamment pointé le non-versement prévu en 2025 de 100 millions d’euros de crédits de paiement destinés à financer la construction d’équipements sportifs dans le cadre du plan Génération 2024.
« C’est un ajustement des prévisions de décaissements. Nous pourrons faire face aux besoins sans nouveaux crédits de paiement », a assuré M. Avérous, soulignant qu’« à ce jour seuls 4 millions d’euros » du plan Génération 2024 ont été réellement consommés. Ce plan prévoyait un financement de 100 millions d’euros par an sur trois ans pour aider les collectivités locales à créer 5 000 infrastructures sportives.
Quant à la baisse de 10 millions d’euros (à 75 millions) des crédits dévolus au Pass’Sport (une aide de 50 euros à la prise de licence pour les jeunes de 6 à 30 ans issus de familles modestes), M. Avérous l’a justifiée en relevant qu’il s’agit de « s’ajuster à la réalité des crédits réellement consommés en 2024 ».
Ce dispositif peine à toucher son public : l’objectif est d’atteindre 1,5 million de personnes cette année, contre 1,32 million en 2023 et 1,2 million en 2022, quand la « cible », qui était évaluée à 5,6 millions de jeunes, a désormais été ramenée à 1,8 million dans les documents officiels.
« Si le taux de recours au Pass’Sport n’augmente pas, il faudra s’interroger sur la pérennité de ce dispositif », a avancé Joël Bruneau (groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), rapporteur pour avis sur les crédits de la mission sport. Un rapport du Sénat a, quant à lui, invité à engager une réflexion sur « un recentrage du dispositif sur les ménages aux revenus les plus modestes » et d’accroître le montant de l’aide.
Si le ministre a insisté sur le fait qu’il « n’est pas inquiet » quant à l’évolution des financements de l’Etat et à la capacité à accompagner les projets des collectivités territoriales en matière de sport, il a tenu à pointer les risques qui, selon lui, se situeraient plus du côté de ces dernières. « Le contexte financier national va amener les collectivités à faire des choix dans leurs investissements et j’espère que les choix sportifs ne seront pas délaissés, a-t-il relevé. Il y a une vraie préoccupation là-dessus. » Et pour cause, les budgets des collectivités sont les premiers financeurs du sport.
Le ministre des sports, de la jeunesse et de la vie associative, Gil Avérous s’est dit, mardi 28 octobre devant les députés, favorable à une évolution des missions de l’Agence nationale du sport (ANS). En l’occurrence, il s’agirait de recentrer cette dernière sur le sport de haut niveau et la haute performance. « Votre vision est celle que je partage », a-t-il répondu au député Joël Bruneau, qui propose de sortir du giron de l’ANS les questions de financements des projets menés par les collectivités. « Nous en discuterons », a ajouté M. Avérous. Une évaluation de l’ANS était prévue après les Jeux olympiques et paralympiques. Menée par l’Inspection générale, elle devrait aboutir à des conclusions d’ici à la fin du premier semestre 2025.
Philippe Le Coeur
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